RECHERCHES
ART ET THEOLOGIE
L'artiste est-il un théologien ? Le théologien un artiste ? Pour Paul Tilich, dans son livre Théologie de la culture, la religion est le fait d'avoir une préoccupation ultime. De ce fait, chaque être humain a sa propre religion, indépendamment des dogmes et des institutions religieuses. La culture est une manifestation de cette préoccupation ultime à travers un langage symbolique. Ce langage est théologique dans la mesure où la théologie n'est pas un système de lois, mais un domaine de recherche. Proche parente de la philosophie, elle s'en retrouve tout autant complexe, mais aussi vulnérable aux mêmes travers. C'est un outil qui peut tout autant être utilisé comme vecteur de vérités arbitraires, que de questionnements septiques du monde.
Parmi les approches théologiques qui nourrissent ma recherche, il y a la théologie négative, qui en cherchant à comprendre ce que serait Dieu, mais constate qu'elle ne le peut pas. Tout ce que nous osons dire sur Dieu est insuffisant, réducteur et finalement faux. On se limite donc à dire ce que Dieu n'est pas.
Il y a aussi la théologie du « process » (ou théologie du mouvement). Cette dernière ne cherche pas à caractériser les individus par leurs êtres, mais par leurs relations. Ainsi Dieu n'est pas dans tel ou tel être ou chose, certainement pas dans l'immobilité et la pérennité, mais dans la relation qu'il établit avec les hommes, dans les manières dont il se manifeste dans le monde.
Mais ma recherche n'a pas pour objectif de faire de la théologie négative ou de la théologie du processus. Ma recherche consiste à utiliser un regard théologique appliqué à l'art. C'est-à-dire que j'envisage l'art, tout comme le religieux, comme un questionnement poétique du monde. Le langage qui s'exprime à travers la sensibilité plastique des artistes, n'est pas seulement un renouvellement du sens des choses, mais c'est l'ouverture à la possibilité même de trouver de nouvelles voies d'interprétations du réel. Ainsi l'artiste rencontre le spectateur, et de cette rencontre fertile et intersubjective le monde se dévoile sans cesse autrement. Peut-être même que ce regard renouvelé est rempli d'une force créatrice fertile, qui non contente de participer à l'interprétation du monde, participe aussi à le changer.
L'art comme langage théologique chez Paul Tilich
Entretien avec Gilles Castelnau
Depuis sa découverte du livre Théologie de la culture de Paul Tilich, Gilles Castelnau parcours les expositions de peinture parisiennes avec toujours la même question en tête : Quelle était la préoccupation fondamentale de l'artiste?
À chaque exposition visitée il produit un article pour son site internet (lien ci-dessous).
Dans cet entretien à la maison presbytérale de l'Oratoire du Louvre, il nous parle de l'art comme langage théologique.
Date de dernière mise à jour : 02/12/2020
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